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Etat des lieux de l’accès au financement pour les entrepreneurs agricoles en Afrique réalisé par Jérôme Hue, Agriculteur.
L’Afrique peut être à l’avenir un grand continent de la production agricole mondiale, elle dispose de nombreuses ressources : des surfaces encore inoccupées, une main d’œuvre majoritairement jeune et disponible, des cadres en formation, des régions avec de grandes réserves d’eau (équatoriale et tropicale humide).
Le secteur agricole contribue activement au développement des territoires africains. En Afrique subsaharienne par exemple, il représentait en 2018 selon la Banque Mondiale, 15,6 % du PIB et concernait 54 % des emplois. Pour la croissance durable de ce secteur, la politique des Etats est-elle de promouvoir l’entrepreneuriat agricole familial ? Quels seraient les moyens à déployer pour accrocher cet objectif ? Sachant que l’agriculture est du type d’une industrie lourde à faible taux de rotation et a des besoins financiers importants, qu’en est-il du financement des entrepreneurs agricoles sur le Continent ?
Les modèles de financement et leurs limites
Le soutien des secteurs publics et privés : un aperçu
Les sources de financement sont multiples (public, privé, fondations, ONG, diasporas…) et peuvent être complexes pour les entrepreneurs. Par exemple, les financements par les fondations et entreprises privées peuvent les contraindre à produire des matières premières n’ayant d’intérêts que pour ces organismes. Cela peut être un frein à la liberté de choix de production des entrepreneurs.
Paradoxalement, ce système peut résoudre les conditions de garantie bancaire pour le financement de leurs achats d’intrants. Après une période faible sur les financements des entrepreneurs agricoles, les financements abondent et les états, quoique satisfaits de cette opportunité, n’ont pas toujours les structures pour organiser, accompagner, finaliser la demande des agriculteurs.
Les objectifs de financement ne sont pas toujours convergents, entre les entreprises privées privilégiant les équipements pour une seule production et celles publiques portées plutôt sur la production dans les filières classiques et l’administration connexe.
La disparité des types de financement
Les dispositifs de financement sont diverses entre les prêts, les dons, les financements familiaux, ceux des diasporas, les micro-crédits, etc … Cela ne facilite pas la tache des états dans la structuration et l’orientation au plus productif par rapport à leur politique de développement agricole. De plus, les programmes de financement voulus par les états pour un financement mixte public et privé ne s’imposent pas de façon stricte. Les acteurs privés les utilisent à leur gré et cela aboutit à des secteurs sur- financés et d’autres sous-financés. La motivation quasi exclusive des acteurs privés est la rentabilité du capital investi dans de courts délais. Les Etats à travers leur politique de développement ajoutent d’autres critères tels que l’incidence de la pauvreté, la sécurité alimentaire. Une autre difficulté majeure rencontrée, c’est l’accès aux garanties et assurances régulièrement demandées par les financeurs.
L’entrepreneuriat féminin
Enfin, les femmes jouent un rôle essentiel au cœur du secteur agricole en Afrique. Elles sont un moteur important du secteur productif agricole en plus d’assurer la nutrition et la santé de la famille. Elles sont défavorisées dans l’accès aux terres, aux financements. C’est d’ailleurs une explication de la baisse de production agricole. Elles doivent gagner leur indépendance d’emprunt, ce qui peut permettre d’éviter que des financements qui leur sont destinés, ne soient détournés au profit de l’activité de leurs conjoints.
Avec ces constatations le financement des jeunes entrepreneurs agricoles africains ne rend pas les services attendus.
Quelles voies d‘améliorations possibles ?
Une meilleure régulation des systèmes de financement
Pour ce qui concerne la politique économique, il est important qu’elle soit bien présente, qu’elle fixe les conditions légales des prêts, autofinancement, garantie, cautionnement, etc… jusqu’à une éventuelle suite défavorable en cas de défaillance de remboursement par un système judiciaire sain et efficace. En amont, il est nécessaire de former les jeunes entrepreneurs dans leur gestion, de les faire suivre par des conseillers techniques et visés périodiquement par des experts comptables.
Un guichet unique de financement public et privé
Pour les financements mixtes privé /public aussi, il faut « inventer » un organisme lié à l’Etat, un guichet unique par lequel passeraient les financements, capable d’accompagner l’entrepreneur dès le départ dans la définition de son projet, lui apporter toute l’information nécessaire à son élaboration pour aboutir à la finalisation du financement, le tout avec des procédures simples et claires. La validation des dossiers par cet organisme apporterait une garantie de sérieux, avant une garantie financière, qui pourrait être mutualisée, gérée par cet organisme. Cet organisme bien managé, efficace et transparent peut pertinemment constituer un outil de développement des entrepreneurs.
L’adoption et la régulation de méthodes de financement plus traditionnelles
D’autres financements sont possibles hors du cadre bancaire classique : les traditionnelles «tontines», toujours d’actualité, quoique interdites dans certains pays. Notons aussi leur forme moderne, le crowdfunding, qui se développe rapidement. Elles sont à ne pas négliger, compte tenu des masses importantes de capitaux mobilisables par les jeunes entrepreneurs africains et la volonté des diasporas de garder un lien avec leur pays d’origine et de participer à son développement.
Les jeunes entrepreneurs agricoles africains, compte tenu du potentiel d’une grande partie du continent, peuvent être à l’origine de grandes opérations intercontinentales : investissements, productions, transformations, échanges, financements… une grande chaine de valeur. Il faudrait que les Etats en prennent la mesure, définissent des politiques économiques et de développement optimales, structurent les moyens juridiques, financiers, bancaires pour que les jeunes entrepreneurs puissent exercer leur activité sereinement et contribuer au développement de leurs pays.
Sources
- « Le financement des PME en Afrique » un exposé de Céline Kauffmann, OCDE, publié en mai 2005
- « Vers une accentuation des disparités dans le financement de l’agriculture en Afrique de l’Ouest ? » Un article de recherche de Vincent Ribier et Jean-Jacques Gabas, Chercheurs au CIRAD, publié en 2016 dans la revue scientifique Cahiers Agricultures.
- « Les tontines en plein essor en Afrique » , publié le 18 mars 2022 par L’arbre à palabres sur Deutsche Welle
- « Agriculture : pourquoi l’Afrique doit miser sur les femmes » un article de Camille Lafrance publié le 15 juin 2022 sur Le Monde.fr
- « Les PME africaines (et ceux qui les financent) ne sont pas monolithes ! » Un article de Thomas Efsthatiu et Pierre Guérin, co-fondateurs du cabinet de conseil VIALYBER, publié le 08 novembre 2022 sur La Tribune Afrique.
2 réponses sur “Financement des entreprises agricoles africaines : un besoin d’innover”
Notre ONG Aprodea(action pour le deloppement Économique et Agricole)basée a Bukavu,République démocratique du Congo encadre 32 720 petits producteurs agricoles structurées en coopératives agricoles vous sollicite un appui financier pour mettre en oeuvre un projet d’appui à la production,transformation et commercialisation des produits agricoles. Vous pouvez nous connecter aux organismes qui peuvent nous financer
Dismas Biringanine
Coordonnateur
J’ai lu et approuvé votre document. Je souhaite de tout cœur que nous puissions travailler en synergie pour le bien des jeunes et femmes sans oublier les filles mères dans le domaine de l’entrepreneuriat
Objectif : Lutter contre la pauvreté et la misère. Merci