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Après ses études en France et en Angleterre, Jacques Jonathan Nyemb rentre au Cameroun en 2016 avec un fort engagement : contribuer à construire l’Afrique de demain. Avocat d’affaires, il est également Président de The Okwelians, un Think Do Tank créé en février 2020. C’est une communauté d’acteurs engagés pour la promotion d’une culture d’innovation sociale au Cameroun.
Dans cet entretien, il nous embarque avec lui dans son parcours, ses ambitions pour le Cameroun, l’Afrique et ses actions de soutien à la jeunesse entrepreneuriale.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de votre motivation à devenir avocat ?
Dès l’obtention de mon baccalauréat j’ai intégré l’Université Paris 2 Panthéon Assas pour faire des études de droit où j’ai obtenu un Master 2 en droit bancaire et financier. Parallèlement, j’ai effectué une année d’étude en Angleterre dans le cadre d’un LL.M. en régulation financière à la London School of Economics. Et enfin, quelques années après avoir entamé ma carrière professionnelle j’ai décidé de retourner poursuivre mes études afin de me spécialiser et explorer les questions de politique publique en faisant un Master en administration publique à l’université Harvard.
J’ai débuté ma carrière en tant qu’Avocat au barreau de Paris, et j’ai travaillé dans un cabinet d’avocats d’affaires basé dans la même ville, où j’accompagnais des sociétés internationales privées et publiques dans le cadre de la structuration, du financement et du développement de leurs activités en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient. Ensuite, j’ai décidé de rentrer au Cameroun où j’ai rejoint depuis 5 ans le cabinet familial, en qualité de Of Counsel. J’accompagne des sociétés locales ou internationales qui souhaitent se développer au Cameroun, et/ou dans la sous-région. Parallèlement, j’enseigne à l’Université Catholique d‘Afrique Centrale sur les questions de négociation d’affaires et de gouvernance d’entreprise.
Très jeune j’ai fait le choix de m’orienter vers la profession d’avocat. Cela part d’une influence paternelle vu que mon père est avocat, mais aussi, j’ai toujours pensé que c’est une profession qui me permettrait d’exprimer mon intérêt mon attachement à la justice. Cela me permet également d’exercer avec indépendance et de contribuer au développement de mon pays en étant aux côtés de décideurs, chefs d’entreprises ou hauts fonctionnaires.
Plus récemment, j’ai décidé approfondir mon engagement personnel pour le Cameroun en contribuant à l’émergence d’une nouvelle génération de leaders engagés pour l’avenir de notre pays, et ce à travers la création d’un Think Do Tank dénommé »The Okwelians ».
Devoir et conviction ont motivé votre retour au Cameroun en 2016. L’appréhendiez-vous ?
On appréhende toujours un retour. Même si j’ai grandi au Cameroun, je me demandais si j’allais retrouver mes marques, me réadapter. Forcément on appréhende ce saut même si ce n’est pas dans l’inconnu. Mais je pense que la meilleure manière de gérer cette étape est de de se préparer. Se préparer en acquérant une bonne expérience professionnelle et les meilleures bases académiques possibles, mais aussi, en structurant au mieux son projet professionnel. Mon engagement social a également été un facteur impulsant.
Vous êtes investi auprès de la jeunesse africaine. Vous soutenez l’entrepreneuriat notamment par le biais du collectif ‘’O.S.E.R l’Afrique’’ dont vous êtes le co-fondateur. Quels sont selon vous les besoins et les enjeux auxquels doit faire face cette jeunesse ?
OSER l’Afrique est une démarche initiée avec des amis depuis 2010. 10 ans après, c’est donc l’occasion de faire un bilan de cette décennie d’engagement. OSER l’Afrique est parti d’un constat et d’un cri du cœur. Nous arrivions à la célébration du cinquantenaire des indépendances de nos pays africains, et nous nous sommes dit qu’à un moment nous devrons célébrer le centenaire. 50 ans plus tard, nous aurons à faire un bilan et quel sera-t-il ? Il ne fallait donc pas que cette célébration soit uniquement celle des 50 années passées mais en plus, il fallait que ce soit le départ d’action d’une nouvelle génération.
OSER l’Afrique c’est le cri de cœur d’une jeunesse qui se prend en main et qui pour elle et d’elle-même, décide de créer la prospérité sur son continent.
Jacques Jonathan Nyemb, Avocat d’affaires et Président de The Okwelians
A partir de là, nous avons mis en place bon nombre d’actions. Nous avons publié un ouvrage en 2012 intitulé ‘’Le Carnet de la jeunesse pour l’Afrique ’’ très explicite sur ce cri du cœur. Ouvrage que j’invite la jeunesse africaine à s’approprier.
Nous avons également mis en place un forum, des clusters d’activités à travers un réseau d’ambassadeurs dans plus d’une quinzaine de pays. Toutes ces activités visent à connecter la jeunesse africaine où qu’elle soit partout dans le monde. Notre but est également de pouvoir outiller les jeunes au montage de projet, à la recherche de financement, en fin de compte à leur apprendre à se construire et s’affirmer par eux même. Enfin, nous agissons pour pouvoir influencer les décisions des parties prenantes et pour que les problématiques de la jeunesse africaine soient prises en compte.
Aujourd’hui , c’est une source de satisfaction de voir le chemin parcouru par les entrepreneurs qui font partie de l’écosystème. Récemment nous avons initié la mise en place d’un réseau collaboratif avec des programmes d’incubation le premier Obotama est ouvert au Cameroun.
OSER l’Afrique incarne l’ambition d’une génération qui envie de se prendre en charge elle-même.
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la jeunesse africaine ?
Le regard que je porte sur la jeunesse est qu’il reste encore beaucoup à faire. D’abord, la jeunesse a besoin de sensibilisation. Sensibilisation sur le rôle qu’elle doit jouer face aux enjeux du développement de notre continent et aux enjeux des mutations que traversent le monde.
Ensuite, On voit aujourd’hui qu’elle a le sens de l’initiative, elle entreprend beaucoup mais doit apprendre à se structurer. Elle doit apprendre à passer d’une idée à un projet, d’un projet à une entreprise et d’une entreprise à un champion national et un champion africain. Il y a beaucoup d’idées, quelques projets, très peu d’entreprise qui soit profitables et durables et encore moins de champions africains.
Enfin, parce qu’ensemble on va plus loin, il faut instaurer une démarche collective, créer un écosystème qui va profiter à tous. Ce travail mérite encore d’être fait pour être à la hauteur des enjeux de notre continent et de ceux du monde.
Vous avez intégré en 2021 le Conseil d’Administration du Groupement inter-patronal du Cameroun (GICAM). Vous en êtes devenu le plus jeune membre. Quelle empreinte souhaitez-vous y laisser ?
Dans le cadre de ce mandat mon implication est de 3 niveaux. On peut avoir un engagement individuel dans le cadre de son activité mais cet engagement est plus grand quand on se met ensemble. Rejoindre la démarche d’un patronat camerounais qui se veut plus influent, plus au service de ses membres et producteur d’idée dans notre pays, cela constitue une étape de franchie dans mon projet, qui est celui de vouloir contribuer au développement de mon pays.
Mes chevaux de batailles :
- Œuvrer à une meilleure gouvernance des entreprises privées pour donner l’exemple ;
- Travailler à faire du GICAM un creuset de développement de PME ;
- Améliorer, consolider le dialogue public-privé
Votre parcours fait de vous un exemple et une source de motivation pour la jeunesse africaine. Si vous aviez un message pour celle-ci, qui est aujourd’hui pleine d’espoir et désireuse de voir une Afrique érigée au rang des premières puissances mondiales, quel serait- il ?
Je reprendrai les 4 idées fortes du Carnet de la jeunesse pour l’Afrique : INCARNEZ (faire preuve de dignité, épouser les valeurs africaines, et montrer l’exemple), REGROUPEZ-VOUS, INNOVEZ et RAYONNEZ. Pour moi ce sont ces mots qui symbolisent au mieux ma vision de ce que nous devons faire pour faire de l’Afrique cette référence de la connaissance et de l’innovation.